Coordonné par Patrick Louguet et
Alban Pichon
Présentation
Jazz et cinéma, nés à la même période, célèbrent très tôt leurs noces. Leur alliance, établie à l’aube du xxe
siècle, prend une direction nouvelle avec l’éclosion du parlant et se maintient tout au long de leurs évolutions
majeures. Leur dialogue s’élabore autour de créations musicales originales, d’utilisation du patrimoine
enregistré, de captations et mises en scène d’interprétations live. Leur accord, qui révèle aussi certains
écarts, relève d’une communauté d’esprit et d’un partage de formes sensibles.
Les contributions réunies dans ce volume ne visent pas un recensement exhaustif des films jazz mais développent plusieurs
partis pris : mêler réflexion esthétique et approche sociologico-historique ; considérer que les alliances sensibles
se jouent aussi bien localement, au cœur des films, que dans des mouvements perceptibles à une plus grande échelle.
C’est ainsi que l’ouvrage accorde une large place aux domaines français (Méliès, Becker, Garrel, Desplechin) et
américain (Dieterle, Mamoulian, Cassavetes, Eastwood), en faisant l’hypothèse que la question jazz participe à
reconfigurer les liens entre œuvres pionnières du cinéma, période classique hollywoodienne et modernité de la
Nouvelle Vague, de John Cassavetes ou de l’art vidéo.
Autres intentions affirmées ici : faire place à la danse – l’art cinématographique s’étant laissé autant séduire par
les sonorités et les rythmes des orchestres que par la chorégraphie ou l’éclat des corps dansants ; et donner la parole
aux jazzmen qui sacrifient à la forme contemporaine du ciné-concert pour créer des compositions originales.
Sommaire
Yannick Lebtahi
Hommage à Claire Mercier, p. 11
Patrick Louguet et Alban Pichon
Avant-propos, p. 13
I : Pluralités
Alban Pichon
Le jazz déménage
Quelques étapes d’une odyssée inachevée, p. 35
Raphaël Szöllösy
Esquisse d’un imaginaire politique du jazz :
Du morceau Flamenco Sketches de Miles Davis
(1959) au film Zicocratie§em> (2013) de Richard Blois, p. 61
Julie Michot
De Mamoulian à Allen en passant par Sturges
Isn’t It Romantic?
ou l’itinéraire singulier d’un standard, p. 79
Marion Carrot
Les danses jazz du muet au parlant,
entre exotisme et érotisme, p. 105br>
Jean-Paul Fargier
Cuicuï mon Amöör
ou In video jazzy, rithmus veritas
, p. 121
II : Singularités
Nicolas Cvetko
Dans la brume jazzistique :
Misty selon Eastwood , p. 135
Alphonse Cugier
L'image-musique, une fiction qui swingue :
Rendez-vous de juillet de Jacques Becker, p. 149
Didier Coureau
Philippe Garrel
Jazz et cinéma ou les enfants (ré)accordés, p. 169
Elena Tyushova
Pull My Daisy :
le processus de création d’un mythe, p. 193
Patrick Louguet
Shadows de Cassavetes
ou un art conflictuel de l’improvisation , p. 209
III : Compositions jazzistiques sous écran
Denis Colin
Deux ciné concerts :
Principes de créations
et d’interprétations musicales, p. 233
Albin Suffys
Sous un écran de Buster Keaton
L’aventure d’une création musicale, p. 243
IV : Identités, Histoire et Politique
Claire Demoulin
Les traversées du jazz au cinéma :
Guerre, mobilisation culturelle et question raciale
(1941-1943), p. 255
Xavier Daverat
Noirs, blancs ou métisses :
pratiques et enjeux identitaires en jazz
et dans quelques comédies musicales, p. 281
Décadrage
Patrick Louguet
Rêve de Serge (2012) un film de Claire Mercier
(Hommage à la réalisatrice disparue en janvier 2019), p. 307
Hugues Rousé
Tu as la montre, nous avons le temps…
(périple jazzistique au Cameroun), p. 313
Philippe Chagne
My Mingus Soul
Naissance d’un album, p. 317
Patrick Louguet
Boxing and catching train
(… si ça jase, ça pulse !), p. 327
Ressources : Jazz & Documentaires, p. 331
Didier Coureau
Note de lecture, p. 333
À propos des auteurs, p. 337